Ci-dessus : LE GRAND NUMERO – Collage/Acrylique sur toile – 50×70 cm
Je n’aime pas le cirque…je n’aime pas les clowns…et pourtant je suis fascinée par son esthétique lorsqu’il est old school, ou lorsqu’il est atypique. Mon idée du cirque c’est un glorieux mélange éclectique et bizarre qui s’empile sur des projections personnelles. C’est moi lorsque je suis un monstre, lorsque je fais mon numéro et lorsque je disparaît en coulisses. Mais surtout, lorsque qu’en mon fort intérieur, je dérape sur des considérations à la fois graves et futiles, raisonnées et folles. Pendant des années j’ai attendu d’assister à une représentation du Cirque BIDON. rendez-vous ratés, ajournements, annulations… Et puis un jour, l’homme de ma vie m’y emmène par surprise. J’étais impressionnée et plus aussi, des sentiments que je ne saurai décrire. C’était tout et rien de ce que je suis, voudrais être ou ne pas être, penser ou rêver, m’interdire ou m’autoriser. Une sorte de potion magique éclaboussant un bordel psychologique savamment mis en scène, l’air de rien pour paraître aux yeux du monde et aussi pour lui échapper. Toutes ces reflexions traversantes mais récurrentes pour ce que je suis, ou pas, que de toute façon je n’ai pas choisi d’être, ce que la société exige de moi ou pas, de l’importance ou la vacuité de porter son attention sur ça. La vie consiste principalement a enchaîner des numéros de cirque. Il faut comprendre que l’essentiel se passe lorsque l’artiste retourne en coulisse, au moins satisfait d’avoir maîtriser les risques de son exercice sans que cela se voit, ni se sache. Rester léger en serrant les dents. Il ne faut jamais être dupe de ses propres numéros.
Peu importe la nature du spectacle…cela revient toujours au même…Il est amusant que l’expression « se donner en spectacle » exprime quelque chose d’aussi méprisant alors que nous attendons de ceux qui s’exposent, « le meilleur d’eux-même »…Amusant, angoissant ou déstabilisant, suivant les tours de piste. La vie en socièté telle qu’on nous la propose est burlesque pour peu qu’on ironise, ce qui est, de mon point de vue, le meilleur moyen d’y survivre.
Le numéro commence avec un tirage de cartes. Un tirage à 7 cartes…Comme il n’est pas question de dévoiler mon jeu …elles sont présentées dans le désordre, toutes à l’endroit et comme il s’agit d’introspection, les digressions viennent avec. Les tarots sont toujours très personnels. Historiquement, ce jeu n’était qu’un divertissement, mais on prend la magie très au sérieux.
ARCANE XIII L’ANONYME
Nous devrions tous avoir cette humilité de considérer que quelles que soient nos ambitions, il faut avoir une conscience affûtée de notre fin et de notre nature polymorphe qui ne va que très rarement dans le sens d’une amélioration définitive. Les métamorphoses, les passages sont l’essence même de nos vies.
L’intuition est animale, la projection est à mon sens humaine. Nous sommes plus enclin à vivre le présent lorsqu’il est heureux et à vouloir voir plus loin que nos emmerdes, et cela avant même de tenter de les règler, nous voulons savoir s’il y en aura d’autres à l’avenir ou si elles se dissiperont par quelques volontés protectrices étrangères. Anticiper sur quoi au juste? Une vie bancale, et insatifaisante ? Attendons-nous de fausses promesses, des récompenses karmiques, de la chance aux jeux ou de mieux nous connaître…?
ARCANE XIV LA SOCIETE
Du public aux machinistes, des jongleurs aux dresseurs de fauves, nous imaginerons une injonction qui nous est propre, que la société toujours belle et bonne,… majoritairement. Que son inconstance, sa subjectivité et ses jeux de masques nous soient indifférents et sans conséquence. Ainsi-soit-elle.
Idolâtres et superficiels, intéressés et manipulateurs, rares sont ceux qui savent exactement ce qu’ils font dans ce numéro de chaises musicales.
Pauvre chimère, s’obligeant à être tout à la fois pour séduire, convaincre et exister au milieu de tes pairs et aussi brouiller ton identité pour protèger l’essence de ce que tu es en vérité. Paraître, apparaître, disparaître…être. Un peu de ci , un peu de ça , et prétendre à une complexité « originale » qui ferait de toi une âme unique et si spéciale.
ARCANE IX LE TEMPS
Dételer les chevaux, laissez les bêtes aller, laissez-les paître paisiblement ou s’emballer. Il n’y a rien de plus authentique que cette mesure du temps, dilapidé, consumé, employé, jamais perdu en vérité.
Evidemment, on voudrait, trapéziste, se bercer d’illusions, funambule, marcher avec assurance au-dessus du vide, magicien, tricher avec la réalité, dompteur, maîtriser ses angoisses…on voudrait ne manquer de rien et jamais de tout.
ARCANE VI LE LIEN
Les grandes souffrances viennent des grands attachements. C’est le grand dilemne, le grand créateur de pleins et de déliés. La responsabilité de nos choix est un grand fardeau porté avec trop de légèreté.
Le meilleur des numéro: La chute libre, frissons garantis.
Certains numéros sont plus exposés que d’autres aux chutes. Et nous n’avons pas neuf vies, là est le vrai contrôle, pas dans l’évitement , mais dans la grâce de la résilience.
Heurter le sol ne devrait pas te faire mal si tu gardes les pieds sur terre.
Lorsqu’elle a lieu sur scène, le public est friand de cette attente, à peine honteux, il prétendra que non, ce serait trop indécent, l’incertaine perspective d’attendre de voir le numéro prendre une fin tragique. Réjouissez-vous badauds, vous ne serez que rarement déçus, la vie est bien plus prévisible et cruelle qu’une représentation de cirque. Spectaculaire humanité qui tend immanquablement vers le goût du sang, la plaie à raconter, le fracassé à évaluer.
En cas de risque avéré du numéro, assurez-vous que tous ont payé leur place, c’est à vous que ça arrive mais c’est eux qui tenteront de profiter du spectacle.
La vie est un jeu…les règles de ce jeu, en dehors de son cadre biologique, ne sont définies que par la spiritualité, ou philosophie suivant les appétances intellectuelles de chacun.
ARCANE XV LE MAGICIEN
Chérissez ce que vous pensez être votre libre arbitre et soyez toujours prêts à en payer le prix. N’ignorez rien de votre nature profonde, ne vous mentez pas à vous même.
L’introspection ou le retour en coulisse.
Mozart avait , semble-t-il, un étourneau…une fort jolie histoire. Indice …Inspirant petit oiseau, la symbolique et l’étude de leurs comportements et de leurs capacités sont pleines d’enseignements.
Là, cesse le grand étalage. Le silence et la concentration sont nécessaires. Une respiration qui ne trouve sa nature que dans l’intimité de soi. Et quelques fois, perdue ou au centre pourquoi pas, il y a ces ces nuées nommées croyances, superstitions, pensées magiques…comme de siffler dans les coulisses ou d’applaudir pour faire fuir les esprits. Critiquées, moquées, ridiculisées lorsqu’elles échappent aux dogmes. Mais comme l’effet placebo, l’intérêt est dans le résultat obtenu par la mise en scène. Le rituel nous appartient. Si nous étions plus sages, nous serions plus discrets, les spiritualités sont individuelles et non partageables parce que profondément intimes lorsqu’elles sont sincères.
ARCANE XVIII LA PSYCHE
Ici, rien ne se négocie sinon avec moi-même.
L’EQUILBRE de THOT
Et s’il suffisait d’éviter les chutes en circulant entre deux airs, en gardant cette hauteur calculée sur une trajectoire précise ? Assez pour voir le monde, à une très sage distance.
ARCANE XII L’HORIZON
L’arcane du pendu n’a pas de résonnance pour moi, dans sa représentation classique. Son impuissance vis-à-vis du matériel. Cette position subie et grotesque pour exprimer sa vulnérabilité et vécue comme une contrainte à envisager les choses sous un angle différent. Moi, j’y vois une pause salvatrice, obligée peut-être par des circonstances qui m’échappent, mais rien qui entrave vraiment la reprise du voyage. Se poser n’est ni inconfortable, ni un immobilisme à accepter avec résignation, c’est attendre pour capter le sens du vent, porter son regard plus loin, ailleurs, en tentant de se soustraire à une lumière trop vive et trompeuse. Des lampions festifs, des projecteurs illusoires.
La conséquence logique de l’étape lors d’un voyage est une invitation à reprendre un souffle vital. Sans concession. pas d’autre enjeu que le plaisir de l’opportunité d’un regain.
ARCANE XI LE SPHINX
Rien d’autre qu’une réconciliation avec sa véritable nature. Rien que l’affranchissement des justifications sollicitées par le monde. Une carte qu’on ne recouvre pas.
Le numéro est fini. La représentation close. Comme tous les spectacles, chacun est libre de son interprétation. Tous les symboles évoqués ici appartiennent à ma culture personnelle, individuelle, le but de l’exercice n’est pas de me mettre nue. Saurais-je le faire si seulement je le voulais ?. Peut-être que le manque d’explication génère des frustrations…j’allais dire que c’est la fin logique de toute rencontre intéressante qui se respecte (Je l’espère, dans le cas contraire cela n’a de toute façon, aucune importance).
Affiche ci-dessus : Conception graphique / Helen Burgoyne
EN 2021, une artiste graphiste Helen Burgoyne m’a invitée a participer à son initiative personnelle, une exposition en extérieur abritée dans le lavoir du village de Dun-le-Palestel (23800). Un principe simple, un artiste , un format carte postale, un thème imposé et une technique libre pour une oeuvre cédée à l’évènement. L’expérience, commencée petite, qui a suscité la curiosité du public et les participations spontanées d’artistes locaux et étrangers, est reconduite tous les ans. Cela montre tout l’intérêt de sortir des sentiers battus et que les initiatives indépendantes occupent une place de choix dans le paysage culturel.
« GIS LA LASTA GUTO » (Esperanto) Traduisez » C’était la dernière goutte « … En 2021, l’exposition était dédiée à l’élément EAU. Une posture écologique qui invite évidemment au recyclage (Ici, chute de contreplaqué, reste d’argile, et déchet de CD). Des années de sècheresse qui dessinaient des crevasses dans la boue pétrifiée des points d’eau fantômes, la Creuse, le pays vert et bleu, n’était pas épargnée et nous savions que ce phénomène devenu répétitif prendrait en ampleur. Aucun discours ici n’est utile…de mon point de vue, si sobriété et raison prenaient le dessus sur nos comportements abusifs et prédateurs, il serait alors plus juste de parler de restriction financière individuelle que d’intelligence collective.
EXPOSITION 2022 – La TERRE est à l’affiche de l’Art au Lavoir – Les temps s’assombrissent il me semble, coupes rases, incendies…Les catastrophes écologiques s’enchaînent et des visions de cauchemar envahissent les médias. L’arbre est tout.
EXPOSITION 2023 – …LE FEU.
Je prends le pli de ce rendez-vous avec plaisir. En revenant sur mes 2 participations, je décide de faire de ces hasards artistiques un schéma de construction. Je conserverai une taille similaire et un support identique (les chutes ne manquent pas) pour exprimer mes « micro-manifestes »).
« UP TO YOU » ( Trad : A toi/vous de voir)
Encore cette inconstance individuelle versus discours (officiel) collectif qui me taraude. Nous arrivons à l’été, et les serpents de mer médiatiques ressortent en longues et pénibles litanies : feu de jardin, cigarette en forêt, BBQ sauvage,… et j’en passe sur la consommation de l’eau, …Faites, ne faites pas…du bon sens noyé dans l’infantilisation, de la prévention qui frôle la provocation pour un adulte qui se jugerait doté de quelques neurones. Prescriptions, injonctions, répressions ( vraiment?) baignant dans des exceptions, des privilèges, des passe-droits, on s’arrange, on argumente, on s’offusque… La relance estivale des scandales devant lesquels nous restons finalement figés. Le temps que nous n’avons plus nous presse…ça dépend de nous.
EXPOSITION 2024 – L’AIR
Le dernier des 4 élements explorés.
« L’INVISIBLE ESSENTIEL à NOS VOEUX »
Ue déclaration d’amour volatile en référence à la citation d’Antoine de Saint-Exupéry extraite du Petit Prince « On ne voit bien qu’avec le coeur. L’essentiel est invisible pour les yeux ». J’ai abordé les expositions thématiques proposées par Helen Burgoyne sous l’angle de mon rapport personnel à l’environnement. Moi, pauvre créature, j’y projette ma survie physiologique mais pas uniquement. J’y mets aussi tout ce qui est idéal, impalbable. Les sentiments, l’âme, le lien au vivant. Rien de constant, tout y est mouvant, indéfinissable et sûrement spirituel. L’alchimie de l’oxygène, du vent, de la poèsie de l’air. Toutes ces choses invisibles et nécessaires qu’on aimerait protèger dans un flacon de verre, un échantillon salvateur à garder sur soi. Mais non…il faut qu’elles se diffusent, qu’elles emplissent tout l’espace disponible pour exister. Je fais le voeu qu’elles ne soient jamais viciées, afin que la vie continue à être respirable.