Il y a un moment où j’ai été fatiguée de tout. Comme d’autres sans doute. alors, littéralement, j’allais dire « au pied de la lettre », j’en ai mis un devant l’autre, sans penser à rien.
Sait-on jamais où on met les pieds . Emmenez-moi, c’est tout. Portez-moi quand l’énergie me manque, ou pire, l’imagination.
Être pieds nu c’est un ancrage en pointillé , comme un langage en morse. Je sais à quoi je suis liée, d’où je viens, ce que je suis. Je ne fais partie de rien de superficiel, je ressens tout, le grain de la terre, la douceur de l’herbe, l’âpreté des pierres, la douceur de l’onde.
Saurai-je mieux où aller, les yeux clos, cherchant mon équilibre…
L’instinct suffirait-il, serait-ce suffisant pour s’affranchir de l’imprévisible chance ?
Gagner en légèreté. Rien n’oblige à laisser une empreinte.
Je ne suis pas « arbre », je suis « créature en mouvement », je m’asphyxie si je me fixe. J’y laisserai ma chair lorsque le temps viendra, mais pour l’heure ou la minute ou la seconde, je marcherai sur la terre. J’emprunterai les routes balisées, pas longtemps, et les sentiers de chevriers, le plus souvent. Pour satisfaire des pieds écorchés mais endurcis, frappant le sols, déterminés, et parfois hésitants, minés de solitude. J’irai, croyant avoir un but et sans cesse détournée par d’autres horizons, inquiètée et enrichie par l’aventure. Je vais.